La Fonction Maintenance

Un pilier stratégique pour la performance industrielle

La maintenance industrielle ne se résume pas à réparer, elle est un levier clé de performance, de sécurité et de compétitivité. Ce rôle s’exprime à travers des missions variées, souvent invisibles, mais indispensables à la continuité de l’activité. Elle incarne un levier essentiel pour la performance, la sécurité et la compétitivité des entreprises. À travers une multitude de missions, souvent discrètes mais toujours décisives, elle assure la continuité de l'activité, optimise les ressources et garantit la fiabilité des équipements.

Gestion des prestations sous-traitées

Le service maintenance pilote les interventions réalisées par des prestataires externes (révisions, arrêts, travaux spécifiques). Le service maintenance agit comme chef d’orchestre lors des interventions réalisées par des prestataires externes : révisions, arrêts techniques, travaux spécifiques … Il en assure la planification rigoureuse, le contrôle qualité, et le respect des exigences de sécurité grâce à des plans de prévention précis et adaptés. Cette coordination garantit la conformité réglementaire et la réussite des opérations menées en collaboration.

Supervision de la maintenance préventive et curative

La maintenance préventive (révisions, contrôles) est anticipée et programmée. La maintenance curative, en cas de panne, est organisée pour minimiser les arrêts. Les deux nécessitent une coordination fine, des outils (GMAO) et de l’expertise technique.

Une stratégie de maintenance efficace repose sur l’équilibre entre l’anticipation et la réactivité.

• Maintenance préventive : inspections périodiques, contrôles, révisions programmées … Elle préserve le bon fonctionnement des équipements.

• Maintenance curative : déclenchée en cas d’anomalie ou de panne, elle vise à rétablir l’activité au plus vite. L’utilisation d’outils spécialisés comme la GMAO (Gestion de Maintenance Assistée par Ordinateur) permet d’orchestrer ces deux approches avec précision et d’optimiser les ressources humaines et matérielles.

Approvisionnement et gestion des pièces

Le service équilibre disponibilité et coût en assurant la gestion des stocks de pièces de rechange, leur stockage et leur mise à disposition rapide pour les interventions. L’approvisionnement en pièces détachées ne se résume pas à un simple stockage : il s'agit d'une véritable stratégie logistique. Le service maintenance doit jongler entre disponibilité immédiate et maîtrise des coûts, tout en garantissant une traçabilité parfaite. Cette capacité à fournir rapidement les bons composants conditionne la réactivité et l’efficacité des interventions.

Révisions, rénovations et reconstructions

Ces actions vont de la simple révision à la reconstruction complète d’un équipement. Objectif : prolonger sa durée de vie pour un coût inférieur à un remplacement neuf, parfois avec modernisation à la clé. Au-delà de la réparation ponctuelle, la maintenance s’étend à la remise en état complète d’équipements vieillissants. Révisions mécaniques, rénovations électriques, voire reconstructions intégrales : ces opérations permettent de prolonger la durée de vie des installations tout en les adaptant aux nouvelles exigences techniques. Elles sont souvent plus économiques que le remplacement à neuf et peuvent intégrer des solutions innovantes ou des modernisations ciblées.

Arrêts programmés

Les arrêts techniques, organisés à des périodes clés (été, fêtes de fin d’année, intercampagnes), permettent de réaliser des interventions lourdes et complexes : mise à niveau, mise en conformité, améliorations techniques. Leur préparation méticuleuse, souvent plusieurs mois à l’avance, implique des ressources internes et externes, et représente un moment fort de la vie industrielle. Réalisés chaque année (été, décembre, mai), les arrêts permettent des interventions profondes (préventif, mise à niveau, conformités). Ils sont longuement préparés et souvent externalisés.

Participation aux projets d’investissement

Impliquer la maintenance dès la conception d’un projet technique permet de réduire les futurs coûts de maintenance. Elle analyse les choix techniques, la maintenabilité du matériel et participe à l’implantation. Associer la maintenance dès les premières phases d’un projet industriel est gage de pérennité. Elle analyse la maintenabilité des équipements, évalue les coûts d’exploitation futurs et propose des optimisations dès la conception. Cela permet d’éviter des choix techniques risqués et de garantir une intégration cohérente dans l’environnement de production.

Travaux neufs

Dans 70 % des cas, le service maintenance est responsable de l’installation de nouvelles machines ou infrastructures. Cela comprend :

• l’implantation physique,

• les essais techniques,

• la mise en route,

• la formation des opérateurs,

• la création des documentations techniques. Cette polyvalence témoigne de son rôle stratégique dans le développement industriel.

Interconnexion avec les autres services

Tous les services de l’usine participent à la maintenance : production (automaintenance), achats, sécurité, contrôle de gestion, direction.

La maintenance est une fonction transverse qui interagit avec l’ensemble des services :

• Production : via l’automaintenance des opérateurs,

• Achats : pour les pièces et prestations,

• Sécurité : pour la gestion des risques,

• Contrôle de gestion : pour le suivi des coûts,

• Direction : pour les arbitrages stratégiques. Son intégration dans les processus globaux fait d’elle une actrice de la performance collective.

Maîtrise d’ouvrage / Maîtrise d’œuvre

Clarifier qui décide (MOA : maîtrise d’ouvrage) et qui réalise (MOE : maîtrise d’œuvre) est essentiel, surtout lorsque d’autres services sont à l’origine des demandes. La maintenance doit alors coordonner le projet, même sans en être à l’origine.
MOA = le client interne, qui exprime les besoins et finance le projet : celui qui commande et finance (le client)
MOE = le technicien expert, qui pilote les opérations. Même lorsque la maintenance n’est pas à l’origine de la demande, elle joue souvent un rôle de coordination et de garantie technique du projet : celui qui conçoit, organise et réalise (l’expert technique)
La MOA décide ; la MOE réalise.

Conclusion

La maintenance n’est pas un simple service d’appui : c’est une fonction stratégique, en interface constante avec les dimensions techniques, opérationnelles et économiques de l’entreprise. Elle garantit la fiabilité des installations, sécurise les investissements, optimise les cycles de vie et contribue de façon directe à la performance industrielle.

Sources :
l'ouvrage de François Monchy, Claude Kojchen - Maintenance - 6e édition - Outils, méthodes et organisations efficientes - Dunod
François Monchy a été un des piliers de l’AFIM - Bretagne et du pays Nantais.
Claude Kojchen, Chef d’entreprise de ATI-Consult et fondateur de la plateforme e-BPM. Ingénieur de formation, consultant spécialisé en maintenance depuis plus de 40 ans auprès d’une centaine de sites industriels, il intervient en écoles d’ingénieurs comme en entreprises.
L'ouvrage de Rabah Achemaoui - La maintenance sous-traitée - Bénéfices, points de vigilance et bonnes pratiques - Dunod
Rabah Achemaoui est directeur du développement de la maintenance et digitalisation chez Fouré Lagadec (groupe SNEF). Ingénieur maintenance du CESI, il dispose de plus de 30 ans d’expérience dans la maintenance auprès de plusieurs sociétés. Il occupe un poste d’administrateur à l’AFIM (Association française des ingénieurs et responsables de maintenance).