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Association Française des Ingénieurs et responsables de Maintenance
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Le savoir en danger

Comment assurer la transmission des connaissances face aux départs en retraite

La fonction maintenance est à la croisée des chemins. Alors que la numérisation (Maintenance 4.0) introduit de nouvelles technologies, l'industrie fait face à une vague de départs à la retraite. Les techniciens chevronnés, véritables mémoires vivantes des équipements, emportent avec eux un savoir-faire irremplaçable : des astuces de dépannage, la connaissance des "petits défauts" d'une machine spécifique, et des années d'expérience pratique.

Gérer cette fuite de cerveaux est aujourd'hui un enjeu critique. Ne pas agir, c'est s'exposer à une augmentation des temps d'arrêt, à des erreurs de diagnostic et à une baisse drastique de la performance.

Identifier et Prioriser le Savoir Critique

La première étape n'est pas de tout documenter, mais de cibler ce qui est essentiel.

Cartographie des Connaissances

Quoi documenter ?
Concentrez-vous sur le savoir non formalisé (ce qui n'est pas dans les manuels) et le savoir lié aux équipements critiques.

Qui possède l'expertise ?
Identifiez les experts (les "vieux de la vieille") pour chaque famille de machines ou de pannes complexes. Leurs connaissances, souvent basées sur l'intuition et l'habitude, doivent être mises au jour.

Méthodes d'Extraction

Organisez des ateliers ou des entretiens structurés avec les experts. Utilisez des outils comme le QQOQCP (Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?) ou l'AMDEC (Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité) pour décortiquer les procédures et les raisons derrière les décisions d'intervention.

Formaliser et numériser l'Information

Le savoir capturé ne doit pas dormir dans des classeurs. Il doit être dynamique et facilement accessible.

Créer des standards de travail

Transformez les "trucs et astuces" des experts en procédures standardisées claires et illustrées.
Privilégiez les formats visuels :

Vidéos tutoriels : un technicien senior filme une intervention complexe, expliquant chaque étape et chaque piège à éviter.

Fiches de diagnostic : créez des arbres de décision ou des listes de vérification basées sur l'expérience (ex: "Si ce voyant est allumé, vérifier d'abord les 3 points suivants ...").

Le rôle central de la GMAO

Le logiciel de Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur (GMAO) est l'outil idéal. Chaque bon de travail réalisé par un expert doit devenir une source d'information :

  • Les commentaires d'intervention, les pièces de rechange utilisées et les temps passés enrichissent l'historique de l'équipement.
  • La GMAO doit pouvoir intégrer et lier les vidéos et les fiches de procédures directement à la fiche machine, rendant l'information disponible sur tablette ou smartphone, au pied de l'équipement.

Mettre en place un mentorat structuré

La simple lecture de documents ne suffit pas. L'expérience s'acquiert par la pratique guidée.

Le rapprochement des générations

Organisez des programmes de tutorat/mentorat formels. Un jeune technicien est officiellement jumelé à un senior pour une période définie (6 à 12 mois) avant le départ à la retraite de ce dernier. Ce binôme permet :

  • L'observation active : Le junior observe les interventions critiques.
  • La pratique guidée : Le junior réalise l'intervention sous la supervision du senior.
  • La consolidation : Le senior évalue et valide la compétence du junior avant son départ.
La Capitalisation comme objectif

Valorisez le rôle du technicien senior comme transmetteur. Son temps dédié à la formation doit être reconnu, planifié, et considéré comme une tâche de haute importance, au même titre qu'une intervention critique.

L'innovation au service du transfert : l'exemple de Shiroo

Face à la complexité et à la rapidité des départs, de nouvelles solutions logicielles sont désormais indispensables pour accélérer le transfert de connaissances et pallier le manque d'expérience des nouvelles recrues.

La solution Shiroo développée par Araiko illustre parfaitement cette nouvelle approche. Shiroo agit comme un jumeau cognitif du terrain : une plateforme qui capture, structure et diffuse le savoir-faire des équipes.

Un accompagnement intelligent des techniciens :
Grâce à la captation multimodale (texte, voix, photo, vidéo) Shiroo permet à tout technicien de documenter une intervention ou une procédure directement depuis le terrain. Les informations sont automatiquement organisées, enrichies et intégrées à des fiches de connaissance validées via un workflow interne.

La pérennisation du savoir terrain :
Ces fiches structurées constituent une véritable bibliothèque vivante du savoir-faire opérationnel. L’entreprise préserve ainsi la mémoire technique de ses équipes et rend les connaissances immédiatement accessibles aux nouveaux arrivants.

Une exploitation fluide et contextualisée :

Les utilisateurs peuvent ensuite consulter ces fiches directement depuis l’application ou interagir avec un assistant conversationnel formé sur leur base de connaissances, pour retrouver en quelques secondes une procédure, un diagnostic ou une solution déjà éprouvée.
La perte de savoir ne concerne pas seulement le savoir tacite ! Araïko développe également d'autres solutions pensées pour préserver le savoir des équipes de maintenance. Ces solutions sont interopérables entre elles. Par exemple, le Générateur de Rapport d'intervention permet de générer à la voix des rapports d'intervention conforme ou l'Aide au Diagnostic qui, couplée à Shiroo et au Générateur de Rapport d'intervention et au SI des clients, peut centraliser l'ensemble du savoir de l'entreprise, tacite (Shiroo), terrain (Générateur de Rapport) et structuré (SI client) pour proposer les pistes de diagnostic de maintenance les plus probables pour chaque panne.​

Exemples de cas d'usage Shiroo

Structuration du savoir terrain chez un acteur de la maintenance ferroviaire

Contexte

Une entreprise spécialisée dans la maintenance des infrastructures ferroviaires faisait face à une perte de savoir liée aux départs en retraite et à la rotation des équipes.

Déploiement de Shiroo

L’outil a été utilisé pour capter les retours d’expérience des techniciens et les transformer en procédures consultables via une interface mobile.

Résultats

  • Réduction de 40 % des appels aux experts
  • Accès instantané aux bonnes pratiques en situation réelle
  • Amélioration de la traçabilité des interventions

Assistance technique embarquée dans l’aéronautique

Contexte

Un sous-traitant aéronautique souhaitait fiabiliser les opérations de maintenance sur des pièces sensibles, souvent réalisées dans des délais contraints.

Déploiement de Shiroo

L’IA a été intégrée dans les tablettes des opérateurs pour fournir des instructions contextualisées et valider les étapes critiques.

Résultats

  • Diminution des non-conformités
  • Gain de 25 % sur les temps de contrôle qualité
  • Sécurisation des opérations en environnement normé

Capitalisation du savoir chez un fabricant de machines-outils

Contexte

Le bureau d’études d’un fabricant de machines industrielles cherchait à fluidifier la transmission des connaissances entre les concepteurs et les techniciens SAV.

Déploiement de Shiroo

Les échanges informels ont été structurés sous forme de fiches interactives, enrichies par l’IA à partir des historiques d’intervention.

Résultats

  • Réduction des délais de diagnostic
  • Meilleure coordination entre les équipes
  • Création d’une base de connaissances vivante

Conclusion

La gestion des connaissances en maintenance n'est pas un luxe, mais une stratégie de résilience. En structurant la capture du savoir, en exploitant les outils numériques comme la GMAO et, pour aller plus loin, en adoptant des solutions de jumeaux numériques comme Shiroo, les entreprises peuvent transformer le défi de la pénurie en une opportunité d'améliorer leurs standards de travail et d'assurer une meilleure performance de la maintenance pour l'avenir.


Araïko est partenaire AFIM

Commentaire

Gérard NEYRET
Ingénieur des Arts et Manufactures et
Vice-Président d'honneur de l’AFIM

Il est regrettable que les financiers qui mènent l’économie n’aient pas trouvé le moyen de calculer le coût économique du savoir-faire, comme ils savent le faire pour les salaires, ce qui permettrait de mieux calculer le coût financier global des licenciements.

Qui peut quantifier la perte de savoir-faire des avions supersoniques comme le Concorde, des surgénérateurs comme Creys-Malville (qui permettait de réduire de 80% le besoin en uranium, et ce sans nécessiter d’enrichissement), ou maintenant de cet outil prodigieux qu’est le coeur artificiel Carmat (qui équipe déjà plus de 150 grands cardiaques), menacé de faillite économique?

Il m’a été donné dans une vie antérieure de voir de près les difficultés économiques de Creusot-Loire, qui avait dû cesser de réaliser des installations d’agglomération pour hauts fourneaux, suite aux crises. Et donc de licencier les équipes spécialisées sur cette technique. Quand, d’un seul coup, catastrophe !!! Creusot-Loire est assurée du marché d’une nouvelle agglomération !!! Qu’elle a dû décliner, la mort dans l’âme, car tous ses spécialistes étaient partis, et le savoir-faire disparu. Cela aurait été un bon moyen d’évaluer le coût de la perte de ce savoir-faire ...

On peut aussi citer, dans le domaine de l’armement,la fermeture en 2001 de la Manufacture Nationale d’Armes de Saint-Etienne. Ce n’était certes pas un modèle d’efficacité économique. mais qui avait un vrai savoir faire (notamment en matière de forgeage et d’usinage), après avoir conçu et réalisé depuis 1864 les fusils Chassepot, Gras, Lebel, MAS 36, MAS 49, FAMAS. Savoir-faire perdu, dont on peut calculer le coût: l’armée française achète maintenant ses fusils en Belgique et en Allemagne.
Le dernier fabricant privé stéphanois, Verney-Caron, est menacé de faillite …

« Il faut considérer ce qui est, et non ce qui convient … » (Goethe)

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