Les feux de titane

Un risque méconnu en maintenance industrielle
Un métal hautement réactif à l’air
Le titane est reconnu pour sa légèreté, sa résistance mécanique et sa tenue à la corrosion, ce qui en fait un matériau de choix dans l’aéronautique, le médical ou la chimie. Mais sous forme de copeaux fins ou de poussières, il devient extrêmement réactif au contact de l’air. Ces résidus peuvent s’enflammer spontanément à température ambiante, notamment en présence d’oxygène, et générer des incendies violents et difficiles à maîtriser.
Des départs de feu souvent liés aux opérations de maintenance
Les feux de titane surviennent généralement lors d’activités de meulage, de découpe ou de soudure à proximité de résidus métalliques. Une simple étincelle peut déclencher une combustion intense. Contrairement aux feux classiques, ceux impliquant des métaux réactifs comme le titane ne suivent pas les mêmes règles d’extinction, ce qui rend leur gestion particulièrement délicate.
Ne jamais utiliser d’eau : un réflexe dangereux
L’un des points critiques dans la gestion d’un feu de titane est l’interdiction absolue d’utiliser de l’eau. En effet, l’eau réagit violemment avec le titane en combustion, pouvant provoquer des projections, des explosions secondaires ou une intensification du feu. Les extincteurs à eau ou à mousse sont donc à proscrire. Seuls des moyens spécifiques comme le sable sec, les poudres d’extinction pour métaux ou les couvertures ignifugées permettent de contenir efficacement ce type d’incendie.
Étude de cas
Incendie de copeaux de titane
Un incident survenu dans une entreprise de mécanique illustre bien ce danger. Deux bacs contenant chacun 80 kg de copeaux de titane ont pris feu à la suite d’un meulage. Malgré la présence de 15 extincteurs, le feu n’a pu être maîtrisé qu’après l’intervention des pompiers, qui ont utilisé 20 tonnes de sable pour étouffer le foyer. Le plan de prévention et le permis de feu n’avaient pas anticipé la réactivité spécifique du titane, soulignant un défaut de préparation.
Feu dans un condenseur d’une centrale nucléaire
Incendie à la centrale nucléaire de Paluel : défaillance dans l’analyse des risques !
Le 2 juillet 2015, un incendie s’est déclaré dans la salle des machines de l’unité n°2 de la centrale nucléaire de Paluel, alors en arrêt pour visite décennale. Le feu, parti d’un condenseur en rénovation, aurait été provoqué par une découpe au plasma sur des structures internes en titane, matériau non pris en compte dans l’analyse de risques préalable.
L’intervention rapide des pompiers, appuyée par des techniques spécifiques aux feux de métaux, a permis de maîtriser l’incendie le lendemain matin. Aucun blessé n’est à déplorer, mais l’événement a révélé des lacunes dans la préparation des travaux par points chauds.
L’Autorité de sûreté nucléaire a exigé des mesures correctives, notamment une meilleure prise en compte des matériaux sensibles et une rigueur accrue dans les permis de feu et les analyses de risques.
Feu de titane dans une société de traitement de déchets métalliques
Lors d’une opération de découpe au chalumeau réalisée par un sous-traitant, une pièce métallique composée de 8 tonnes d’inox et 4 tonnes de titane s’enflamme. Le métal entre en fusion et propage les flammes. L’incendie nécessite l’évacuation de 50 employés et l’établissement d’un périmètre de sécurité. Les pompiers utilisent 100 tonnes de sable sec pour étouffer le feu, puis surveillent la température du dôme de sable pendant deux semaines.
Le sinistre entraîne l’émission de fumées d’ammoniac (jusqu’à 300 ppm), sans impact sur la population. Les scories sont triées et valorisées ou envoyées en stockage autorisé. L’origine de l’accident est une erreur du sous-traitant, qui découpe une pièce marquée “inox et titane” non prévue dans son périmètre d’intervention. En réponse, l’exploitant met en place un stock permanent de sable sec et demande un raccordement au réseau d’eau de ville, la borne incendie la plus proche étant située à 500 mètres du site
Prévention : adapter les protocoles aux métaux réactifs
La prévention du feu de titane repose sur une méthodologie rigoureuse :
- Nettoyage systématique des zones de travail pour éliminer les copeaux et poussières
- Inspection préalable par le service sécurité et délivrance d’un permis de feu
- Mise en place de moyens d’extinction adaptés (sable, poudre, couverture)
- Formation des équipes à la gestion des feux de métaux
- Présence obligatoire d’un agent sécurité qualifié lors des travaux par point chaud
Le suivi thermique par caméra infrarouge et la coordination interservices sont également essentiels pour anticiper les points chauds et garantir une réponse rapide en cas d’incident.
Conclusion
Le feu de titane constitue un risque spécifique en maintenance industrielle, souvent mal identifié dans les analyses de risque classiques. Son extrême réactivité à l’air et l’incompatibilité avec les moyens d’extinction traditionnels imposent une vigilance renforcée. En intégrant ces particularités dans les plans de prévention, en formant les équipes et en adaptant les protocoles, les professionnels de la maintenance peuvent réduire significativement ce risque et garantir la sécurité des installations comme des intervenants.
Consultez également notre article sur Les Risques d’incendie en maintenance.
Sources :
article "Incendie de copeaux de titane"
article "Feu dans un condenseur d’une centrale nucléaire"
article "Feu de titane dans une société de traitement de déchets métalliques"
Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels (BARPI)
et le site www.aria.developpement-durable.gouv.fr
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