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Association Française des Ingénieurs et responsables de Maintenance
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Comprendre les méthodes de maintenance

Un enjeu stratégique pour l’industrie

Dans un contexte industriel en constante évolution, la maintenance des équipements ne peut plus être considérée comme une simple activité de réparation. Elle devient un levier stratégique de performance, de sécurité et de compétitivité. Loin d’être une fonction de soutien, la maintenance s’impose aujourd’hui comme un acteur clé de la fiabilité des installations et de la maîtrise des coûts. Elle s'impose désormais comme une médecine des équipements, une discipline préventive, intelligente et stratégique.

Deux grandes stratégies : corrective et préventive

La maintenance industrielle repose sur deux grandes approches complémentaires :

La maintenance corrective, déclenchée après une panne, vise à remettre un bien en état de fonctionnement. Inévitable dans tout système, elle doit cependant être organisée pour minimiser les impacts : disponibilité des pièces, méthodologie d’intervention, retour d’expérience, etc. Une maintenance corrective bien structurée permet de transformer chaque défaillance en opportunité d’amélioration.

La maintenance préventive, quant à elle, cherche à anticiper les défaillances. Elle se décline en plusieurs formes :

  • Systématique : interventions planifiées selon un échéancier (temps, cycles, usage).
  • Conditionnelle : interventions déclenchées par l’état réel du bien (vibrations, température, lubrifiants, etc.).
  • Prévisionnelle : basée sur des modèles ou des analyses de données pour anticiper les dégradations et intervenir au moment optimal.

Plutôt que d’opposer les approches corrective, préventive ou prévisionnelle, il convient de les envisager comme complémentaires, toutes au service de la performance globale.

Un choix stratégique basé sur la criticité

Le choix entre ces stratégies ne peut être arbitraire. Il repose sur une analyse rigoureuse de plusieurs critères :

  • Techniques : fiabilité, maintenabilité, complexité des équipements.
  • Économiques : coûts d’intervention, pertes de production, retour sur investissement.
  • Sécurité : risques pour les personnes et les biens.
  • Environnementaux : impact des défaillances sur l’environnement.
  • Qualité : conformité des produits ou services livrés.

Ces critères permettent d’évaluer la criticité des équipements et de définir une politique de maintenance adaptée, équilibrant intelligemment les actions correctives et préventives.

Où placer le curseur ?

Le véritable enjeu ne réside pas dans le choix d’une méthode unique, mais dans le positionnement du curseur entre les différentes stratégies. Ce positionnement dépendra des objectifs recherchés, qu’il s’agisse de réduire les coûts du correctif, d’optimiser le coût global, d’améliorer l’efficacité opérationnelle, de maximiser la disponibilité physique des équipements (DP) ou d'accroître le retour sur investissement (ROI).

Ce dosage stratégique repose sur de nombreux critères opérationnels : criticité des équipements, pertes de production associées, créneaux disponibles pour l’intervention, existence d’équipements redondants, ressources humaines mobilisables, et contraintes réglementaires qui, souvent, relèvent du préventif.

Une approche méthodique comme la Maintenance Basée sur la Fiabilité (MBF) s’avère particulièrement utile. Elle permet d’adapter les plans de maintenance aux risques concrets, aux priorités opérationnelles et aux moyens disponibles.

Les défis de la maintenance préventive

Malgré ses avantages, la maintenance préventive reste parfois difficile à mettre en œuvre. Les freins sont nombreux :

  • Coût initial des outils de surveillance et de diagnostic.
  • Difficulté à justifier l’arrêt d’une machine en bon état apparent.
  • Risque d’interventions inutiles ou mal réalisées, pouvant fragiliser le matériel.

Le « tout préventif » n’est pas une solution universelle. Une maintenance préventive mal calibrée peut générer plus de coûts que de bénéfices. La meilleure stratégie est souvent un compromis raisonné, adapté au contexte de chaque entreprise.

Vers une maintenance intelligente

La maintenance prévisionnelle, souvent appelée à tort « prédictive », représente aujourd’hui le stade le plus avancé de la maintenance.

Elle repose sur :

  • Des modèles de comportement des équipements.
  • L’analyse de données massives (big data).
  • L’usage de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique.

Cette approche permet d’anticiper les pannes avec une précision accrue, de planifier les interventions au moment le plus opportun, et de réduire significativement les arrêts non planifiés. Elle s’inscrit pleinement dans la dynamique de l’industrie 4.0.

Maintenance corrective : une nécessité à organiser

Même dans les environnements les plus avancés, la maintenance corrective reste incontournable. Elle doit être pensée comme un processus structuré, intégrant :

  • Une préparation rigoureuse : documentation technique, pièces de rechange, outils.
  • Une méthodologie d’intervention : diagnostic, traçabilité, mise à jour documentaire.
  • Une exploitation des retours d’expérience : pour enrichir les bases de données de maintenance et ajuster les politiques préventives.

Du correctif au prévisionnel : un spectre d’interventions complémentaires

La maintenance corrective intervient en dernier recours, lorsque la défaillance est avérée. La maintenance préventive, planifiée, cherche à la prévenir, tandis que la maintenance prévisionnelle (une maintenance préventive aussi) repose sur l’analyse de données, de signaux faibles et d’anticipation technologique (capteurs, historique, intelligence artificielle).

Ces trois volets ne s’excluent pas. Au contraire, leur combinaison permet d’anticiper les pannes, d’éviter les interventions inutiles, d’optimiser les ressources et d’améliorer la performance globale. Le bon dosage entre ces modalités est le véritable levier stratégique.

Une médecine industrielle à revaloriser

Jean-Baptiste Dumas, chimiste et fondateur de l’École Centrale, évoquait déjà la « médecine des machines ». Aujourd’hui, c’est bien de médecine des équipements qu’il est question — une notion plus large, englobant machines, infrastructures, installations techniques.

Cette vision valorise pleinement un métier trop souvent mal perçu :

  • Son rôle préventif, garant de la longévité des actifs
  • Son expertise diagnostique, fondée sur l’analyse fine
  • Sa mission protectrice, au service de la santé industrielle

Il est donc temps de réhabiliter l’image de la maintenance, notamment auprès des jeunes, en l’associant aux métiers de santé, porteurs de sens et de responsabilité. Même l’ancienne terminologie « tutela », employée par Sextius Julius Frontinus pour désigner la responsabilité sur les infrastructures, rappelle cette tutelle technique que les professionnels exercent au quotidien.

Vers une tutelle technologique éclairée

La convergence des compétences humaines et des outils numériques donne à la maintenance une nouvelle dimension. Elle devient un métier d’excellence, alliant rigueur, analyse et anticipation, pour assurer durablement la santé des systèmes productifs.

Plus qu’une fonction de soutien, la maintenance devient une tutelle technologique, exercée par des professionnels de haut niveau, engagés dans la fiabilité et la performance industrielle.

Conclusion : vers une maintenance intégrée et stratégique

La maintenance moderne ne se résume plus à réparer, mais à prévoir, optimiser et sécuriser. Elle s’inscrit dans une démarche globale de performance industrielle. Bernard Méchin, expert reconnu en ingénierie de la maintenance, rappelle que la réussite d’une politique de maintenance repose sur :

  • Une connaissance fine des équipements.
  • Une analyse rigoureuse des risques et des coûts.
  • Une mise en œuvre méthodique des outils disponibles.

À l’heure de la transformation numérique, la maintenance devient intelligente, connectée, prévisionnelle … et plus que jamais stratégique.

Source : article dans les techniques de l'ingénieur par Bernard Méchin, ancien directeur du Centre international de maintenance industrielle, qui propose une synthèse claire et structurée des principales méthodes de maintenance, en s’appuyant sur les normes européennes et les retours d’expérience du terrain.

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